Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler un peu de l’origine de mon univers et de vous emmener avec moi le long du chemin parcouru avant d’atteindre les Terres de Kemet…
L’envie d’écrire un roman sur l’Égypte antique ne date évidemment pas d’hier. J’en ai lu tellement dans ma vie — en plus des dizaines de livres d’histoire, de mythologie ou autre — et je pense que quelque part au fond de moi j’ai toujours eu envie d’écrire ma propre aventure. Les premières idées sont venues quand je devais avoir une quinzaine d’années. Je crois que c’est là que je me suis dit que oui, un jour, j’écrirais une histoire égyptienne. À ce moment, j’étais loin de penser à un véritable roman (et encore moins à un pavé de 800 pages), mais c’est l’intention qui compte n’est-ce pas !
Puis j’ai grandi, j’ai continué à lire et j’ai commencé à écrire. Uniquement pour moi d’abord, puis des projets un peu différents que j’ai partagés avec mes proches. Curieusement, leurs commentaires étaient toujours les mêmes :
« Tu devrais continuer à écrire. Tu ne voudrais pas publier un roman un jour ? Et l’Égypte ? Je pensais que tu voudrais écrire là-dessus. »
Je sais que de nombreuses personnes ont des difficultés à parler de leur passion pour l’écriture ou de mentionner leurs projets à leur famille ou leurs amis, mais ça n’a jamais été mon cas. Mes proches me suivent depuis le début de mes aventures et sont parfois même plus investis que moi ! Alors, j’ai commencé à réfléchir. Leur enthousiasme et les innombrables idées rangées au fond de mes tiroirs m’ont finalement décidée à me concentrer un peu plus sur ce projet qui occupait un coin de mon esprit depuis des années.
Juillet 2018.
Il fait chaud, il est 16 h et je n’ai plus rien de particulier à faire dans mon programme du jour.
Je m’ennuie ferme.
Je discute avec une amie pour faire passer le temps. Nous sommes en train de faire une lecture commune du Septième Papyrus, deuxième tome de la saga égyptienne de Wilbur Smith, et je m’amuse à faire des commentaires comiques. Et là, je ne sais pas pourquoi, je me tourne vers mon ordinateur et je commence à taper : prénoms Égypte antique. Dans le même temps, j’attrape le premier carnet qui me passe sous la main (équipée en toutes circonstances) et je commence à griffonner des idées comme elles me viennent. Parmi les premiers mots clés, on comptait :
– Deuxième Période Intermédiaire
– Hyksôs
– Enquête et mystère
– Amosis Ier
– Princesse
– Medjay
– Menace divine…
Quelques instants plus tard, je notais le prénom Kha et, grâce à mon amie, je me décidais dans le même temps pour Anaïta. Tout a commencé là. Par la suite, les idées d’intrigue ont rapidement fusé et j’ai effectué de nombreuses recherches. Pendant plusieurs mois, je me suis vraiment concentrée sur ce projet.
Puis je l’ai laissé de côté. Faute de temps, d’inspiration un peu et aussi parce que je travaillais sur autre chose à côté. Lorsque j’ai refermé mon carnet et que je l’ai rangé dans un tiroir, je pensais que les bases de l’histoire étaient posées. Une menace, une enquête, une princesse hyksôs, un Medjay et sa fiancée et un soldat au sens de l’humour parfois douteux. Le tout dans un univers bien ancré dans la réalité. Oui oui. À l’origine, L’Ombre du Dévoreur n’était pas du tout un roman de fantasy, mais bien un roman d’aventures 100 % historique. J’avais même fait la liste de tous les livres et autres dossiers de recherche qu’il me faudrait acquérir pour bien maîtriser le contexte et être incollable sur le sujet.
Si je ne travaillais plus sérieusement sur ce projet, je ne l’ai pourtant pas abandonné et j’ai continué à noter des idées et les bases d’une trame chaque fois que l’inspiration frappait à ma porte.
Avril 2020
Inutile de vous faire une dissertation en trois parties, on sait tous pourquoi cette année n’a pas été particulièrement joyeuse. Pour être très honnête, je n’avais pas envie de faire grand-chose à cette période. Ma motivation — pour tout, pas seulement pour l’écriture — c’était devenu le Graal. La chose que tout le monde cherche, mais que personne ne trouve.
Ma maman m’a un jour demandé pourquoi je ne profitais pas de cette période pour écrire ce roman sur lequel j’avais commencé à travailler. À l’instant où elle m’en a parlé, je ne m’en sentais vraiment pas capable. Puis, j’ai ressorti mon carnet pour relire toutes mes notes. Le projet m’emballait toujours autant, mais quelque chose manquait. Je n’arrivais plus vraiment à me projeter et à envisager la suite de l’intrigue ou du développement de mes personnages. Je me suis posée devant mon carnet, en faisant tourner mon stylo, et j’ai réfléchi à ce que je pourrais bien changer ou ajouter pour faire repartir ma créativité.
D’abord, j’ai décidé d’ajouter un peu de mysticisme à mon intrigue. Après tout, si l’Antiquité égyptienne n’est pas mystique, je ne sais pas ce qui l’est. Les dieux ont pris un peu plus d’importance et j’ai ajouté quelques évènements louches dans mon affaire… il n’y a jamais assez de loucherie si vous voulez mon avis. C’était mieux, mais je n’étais pas encore totalement satisfaite. Alors j’ai continué. Sans trop me poser de questions, j’ai donné plus d’importance à ce mysticisme au point qu’il a commencé à ressembler dangereusement à de la magie. Mais elle restait très sélective, un ou deux éléments seulement en étaient dotés et j’étais déjà bien plus emballée par ces nouvelles idées. Je pensais pouvoir partir de là et créer quelque chose qui resterait malgré tout très réaliste.
Grave erreur.
Je pense qu’il devait être 15 h un jeudi lambda (ou tout autre jour de la semaine) quand je me suis dit que, non, ça n’irait pas. Sans le vouloir, j’étais partie sur la thématique de « l’Élu » et, même si je n’ai rien contre ce thème dans les romans et que j’en ai lu beaucoup, ce n’était pas vraiment le genre de livre que j’avais envie d’écrire. Mais je ne voulais pas me séparer de la magie naissante que j’avais commencé à créer. Comment faire pour pallier à ce problème ?
Réponse simple et efficace : donner de la magie à tout le monde (bon, j’exagère, mais en tout cas, la rendre normale dans l’univers). À partir de cet instant, j’étais lancée et on ne pouvait plus m’arrêter.
Hors de question de tout effacer et de recommencer à zéro. Mon histoire avait déjà la plupart des éléments que je voulais, il fallait juste les retravailler. Encore une fois, tout est parti des personnages parce que c’est comme ça que je construis mes histoires. L’univers et l’intrigue se créent tout seuls à mesure que je façonne mes héros. J’ai gardé mes personnages de base et j’y ai fait quelques ajouts pour coller à mes premières idées de magie. Avec eux sont venues les Guildes (dont je vous parlerai un peu dans la prochaine newsletter) puis le fonctionnement de tout un système et même un embryon de géographie. Pour l’intrigue, même combat, je suis partie de mes idées de base et j’ai remanié le tout pour qu’elle s’inscrive dans cet univers désormais magique et fantastique. Le tout en conservant malgré tout une bonne base historique avec un Pharaon et un contexte bien réels.
Je pense que je suis passée de mon roman bien historique à de la fantasy mythologique en moins de trois jours. J’ai même inventé des personnages qui n’apparaissent que dans le second tome.
Fin juillet/début août 2020, j’ai acheté Scrivener, trois carnets de notes vierges (denrée rare chez moi) et un immense carnet à dessin et j’ai commencé à construire les Terres de Kemet. Le nom s’est imposé de lui-même, Kemet était l’appellation donnée à l’Égypte par le peuple de l’époque. « La terre noire » en référence au limon du Nil lors des crues. Ensuite, j’ai ouvert des manuels et j’ai cherché à quoi ressemblait l’Égypte quand elle était au sommet de sa puissance : quels pays, quelles régions ont un jour été placés sous l’autorité de Pharaon ? Que ce soit au même moment ou non. J’ai tout pris et j’ai dessiné ma première carte, avec ses frontières et ses capitales. Kemet est devenue un Empire constitué de quatre royaumes. Les noms donnés aux lieux ne vous paraissent peut-être pas familiers, mais ils sont pourtant bien réels. D’après les traductions faites au fil des siècles, nous savons aujourd’hui comment les Égyptiens appelaient leurs villes. Waset est donc le nom qu’ils donnaient à notre Louxor actuelle.
Comme dit, la base historique est toujours la même. Si vous recherchez sur internet, vous découvrirez qu’Amosis Ier a bel et bien existé et qu’il est effectivement le héros de tout un peuple. Le Pharaon élu des dieux étant parvenu à chasser l’envahisseur hyksôs des terres égyptiennes après des décennies de guerre civile.
Pour le reste, je vous laisse décider par vous-mêmes. Après tout, l’Égypte est un pays qui reste encore très mystérieux…
Pour découvrir la vérité, je pense qu’un voyage au cœur des Terres de Kemet s’impose.